![[personal profile]](https://www.dreamwidth.org/img/silk/identity/user.png)
Je viens de terminer le premier livre de l'année. Je rappelle que le but est d'en lire 52 en tout.
C'est un livre de non-fiction - une fois n'est pas coutume - et je dois avouer qu'il est assez déprimant.

1. La Fabrique du Crétin, de Jean-Paul Brighelli, 2005
C'est un autre enseignant, ami de ma mère, qui me l'a prêté. Et je peux vous assurer que ce n'est pas joyeux !
La quatrième de couverture :
C'est un livre de non-fiction - une fois n'est pas coutume - et je dois avouer qu'il est assez déprimant.

1. La Fabrique du Crétin, de Jean-Paul Brighelli, 2005
C'est un autre enseignant, ami de ma mère, qui me l'a prêté. Et je peux vous assurer que ce n'est pas joyeux !
La quatrième de couverture :
Nos enfants ne savent plus lire, ni compter, ni penser. Le constat est terrible, et ses causes moins obscures qu'on ne veut bien le dire. Un enchaînement de bonnes intentions mal maîtrisées et de calculs intéressés a délité en une trentaine d'années ce qui fut l'un des meilleurs systèmes éducatifs au monde. Faut-il incriminer les politiques, les profs, les parents, les syndicats, les programmes ? En tout cas, la Nouvelle Pédagogie a fait ses " preuves " : l'école a cessé d'être le moteur d'un ascenseur social défaillant. Ceux qui sont nés dans la rue, désormais, y restent. Dès lors, que faire ?
Mon avis : Sur le fond, l'auteur n'a pas tout à fait tort. C'est vrai que de moins en moins d'élèves venus de banlieue accèdent au prépa du même nom, et que même dans ces dernières, nombre d'élèves sont des enfants de profs - j'en sais quelque chose, c'est mon propre cas. De même, les énarques sont de plus en plus des "fils de", et le niveau chute, c'est incontestable.
Ceci dit, je ne suis pas favorable à son mépris des 80% délèves qui ont le Bac, si différents des 20% de jadis, vingt ans plus tôt. Tout d'abord, bien plus d'élèves accèdent au lycée qu'auparavant. Et surtout, l'enseignement est désormais bien plus divers, et contrairement à ce qu'il dit, on laisse moins de gens sur le bord de la route qu'à son époque.
L'uteur critique aussi la "discrimination positive". Je sais pertinnemment que tout le monde ne sera pas d'accord avec moi sur ce point, mais je suis intimement convaincue que si jamais on a envie de changer les choses, il faudra impérativement en passer par là, même si l'expression française est fort malheureuse. Je lui préfère d'ailleurs le terme "Affirmative Action", plus positif.
De même, l'idée selon laquelle on mettrait l'élève au centre du système n'est pas si bête, sauf lorsqu'elle mène à de regrettables dérives. Et je trouve cela dommage que Brighelli ne se concentre justement que sur les échecs du système, ce qui dénote un parti pris assumé, certes, mais nettement partial et partiel.
Bien entendu, en tant qu'ancienne prof qui a même démissionné, je suis d'accord avec beaucoup de choses dites dans cet ouvrage. J'applaudis notamment des deux mains lorsqu'il fustige violemment la nouvelle formation (ou plutôt non-formation) des enseignants, déjà d'actualité en 2005. Presque tout ce qu'il affirme à ce propos est juste.
Pourtant, je refuse sa manière de cracher sur les IUFM, qui ont tout de même eu leur utilité - et leur manque s'est cruellement fait sentir parmi les stagiaires, ou même les néo-titulaires. Même si des gens m'ont prôné le contraire, je reste convaincue que ce ne sont pas des pédagogos, et que cette fausse image leur a été collée par la droite pour les couler.
Oh, autre chose qui m'a beaucoup énervée. L'auteur de ce livre est de droite, et malheureusement, ça se voit. Je veux dire par là que ses raisonnements sont biaisées, et même parfois faux. Quand il prétend que la Fabrique du Crétn s'est surtout montée sous des gouvernements de gauche, par exemple - alors que c'est quand même la droite qui a démonté tout le système...
Sur le plan du style, par contre, c'est assez réjouissant. Des références en pagaille, du cynisme, du goût littéraire... Même si ce n'est pas du tout de la fiction, cela ne m'a pas empêchée de me régaler en lisant, même s'il a une grande tendance aux généralisations douteuses et même aux sophismes. Mais je ne regrette pas ma lecture.
Bref, j'espère que ce post fera polémique - de manière pacifique, hein - mais j'aimerais vraimlent discuter avec vous de ce problème.
Mon avis : Sur le fond, l'auteur n'a pas tout à fait tort. C'est vrai que de moins en moins d'élèves venus de banlieue accèdent au prépa du même nom, et que même dans ces dernières, nombre d'élèves sont des enfants de profs - j'en sais quelque chose, c'est mon propre cas. De même, les énarques sont de plus en plus des "fils de", et le niveau chute, c'est incontestable.
Ceci dit, je ne suis pas favorable à son mépris des 80% délèves qui ont le Bac, si différents des 20% de jadis, vingt ans plus tôt. Tout d'abord, bien plus d'élèves accèdent au lycée qu'auparavant. Et surtout, l'enseignement est désormais bien plus divers, et contrairement à ce qu'il dit, on laisse moins de gens sur le bord de la route qu'à son époque.
L'uteur critique aussi la "discrimination positive". Je sais pertinnemment que tout le monde ne sera pas d'accord avec moi sur ce point, mais je suis intimement convaincue que si jamais on a envie de changer les choses, il faudra impérativement en passer par là, même si l'expression française est fort malheureuse. Je lui préfère d'ailleurs le terme "Affirmative Action", plus positif.
De même, l'idée selon laquelle on mettrait l'élève au centre du système n'est pas si bête, sauf lorsqu'elle mène à de regrettables dérives. Et je trouve cela dommage que Brighelli ne se concentre justement que sur les échecs du système, ce qui dénote un parti pris assumé, certes, mais nettement partial et partiel.
Bien entendu, en tant qu'ancienne prof qui a même démissionné, je suis d'accord avec beaucoup de choses dites dans cet ouvrage. J'applaudis notamment des deux mains lorsqu'il fustige violemment la nouvelle formation (ou plutôt non-formation) des enseignants, déjà d'actualité en 2005. Presque tout ce qu'il affirme à ce propos est juste.
Pourtant, je refuse sa manière de cracher sur les IUFM, qui ont tout de même eu leur utilité - et leur manque s'est cruellement fait sentir parmi les stagiaires, ou même les néo-titulaires. Même si des gens m'ont prôné le contraire, je reste convaincue que ce ne sont pas des pédagogos, et que cette fausse image leur a été collée par la droite pour les couler.
Oh, autre chose qui m'a beaucoup énervée. L'auteur de ce livre est de droite, et malheureusement, ça se voit. Je veux dire par là que ses raisonnements sont biaisées, et même parfois faux. Quand il prétend que la Fabrique du Crétn s'est surtout montée sous des gouvernements de gauche, par exemple - alors que c'est quand même la droite qui a démonté tout le système...
Sur le plan du style, par contre, c'est assez réjouissant. Des références en pagaille, du cynisme, du goût littéraire... Même si ce n'est pas du tout de la fiction, cela ne m'a pas empêchée de me régaler en lisant, même s'il a une grande tendance aux généralisations douteuses et même aux sophismes. Mais je ne regrette pas ma lecture.
Bref, j'espère que ce post fera polémique - de manière pacifique, hein - mais j'aimerais vraimlent discuter avec vous de ce problème.
no subject
Date: 2011-01-06 06:49 pm (UTC)Je ne m'y connais pas vraiment dans l'enseignement, mais je sais qu'il y a parfois un problème venant des profs, parfois des élèves en eux-même (je pense notamment aux élèves qui font une révolution parce qu'ils n'aiment pas le prof, j'en sais quelque chose, je l'ai vu). Il y a aussi le problème des parents qui n'arrêtent pas de défendre leur rejeton alors même qu'ils sont tort (je ne dis pas qu'ils devraient les couler, mais je pense qu'ils devraient les disputer et ensuite en parler... c'est juste une opinion)
Quant à la discrimination positive, je suis... moins d'accord avec toi, on va dire. je suis pour les cvs anonyme, ça pour moi, c'est okay. Par contre, il y a des failles avec la discrimination positive, par exemple : un employeur bénéficiera plus un noir riche qu'un blanc pauvre. or à la base, c'est d'aider ceux qui sont en difficulté. Et je suis complètement d'accord sur l’appellation qui est..très limite on va dire 8D
(no subject)
From:(no subject)
From:(no subject)
From:(no subject)
From:no subject
Date: 2011-01-06 07:53 pm (UTC)Perso, j'ai un gros problème avec la discrimination positive, parce que j'ai l'impression qu'il y aura toujours, ensuite, des gens pour soupçonner que n'importe quel membre d'une minorité à un haut poste aura été pris à cause de la discrimination positive, même quand ce n'est pas le cas.
Mais pour tout le reste, je suis d'accord avec ce que tu dis.
Par contre, je demande vraiment à voir des stats pour la baisse du niveau...
Je veux dire, je suis exigeante pour ça, parce qu'on parle toujours des comportements qui sont de pire en pire, mais quand je lis des livres qui se passent plus tôt au 20e siècle ou même au 19e, on voit déjà des élèves avoir des comportement plus que limite avec des profs ou entre eux.
Aussi, parce que je sais très bien, en tant que matheuse, comment des chiffres justes présentés ou sélectionnés de façon partielle peuvent dire le contraire de ce qui arrive vraiment. C'est même le sujet de certains exercices de lycée pour les maths de littéraires. :-)
Alors toute affirmation du genre "c'était mieux avant" doit être justifiée avec des chiffres précis et détaillés.
Et si en plus, le bouquin a tendance à mettre des généralisations douteuses et des sophismes ailleurs... alors j'aurai doublement peu confiance.
(no subject)
From:(no subject)
From:(no subject)
From:no subject
Date: 2011-01-06 08:52 pm (UTC)Quoi qu'on en dise, un retour en arrière serait impossible à ce stade, ou du moins extrêmement difficile, pour une raison toute bête : à l'époque où on faisait sortir certains élèves du système scolaire dès la fin du primaire, il y avait des places dans la société (c'est à dire des emplois) pour des gens n'ayant pas été au collège. De nos jours, entre les avancées technologiques, le système scolaire qui met trois fois plus de temps à enseigner ce qu'on voyait autrefois en primaire et la concurrence qui fait que l'employeur exige un diplôme... Ben je ne sais pas s'il reste vraiment des places pour des gens sans aucun diplôme.
Très franchement, pour le bac... Je suis assez d'accord quand il dit que c'est un diplôme en carton-pâte. L'examen est truqué d'un bout à l'autre. Pour commencer, on donne des exercices stéréotypés, dont certains où la réponse est carrément dans la question. Je ne sais pas trop ce que ça donne du point de vue d'un littéraire, mais quand on est en S et qu'on regarde les sujets d'examens de sciences (maths et Physique/SVT) des L, on a envie de hurler "C'est une BLAGUE ?". (Bon, après, cette pauvre filière L sert de poubelle les trois quarts du temps, alors c'est pas étonnant, m'enfin...) Les correcteurs reçoivent des consignes qui accordent des points à des copies où on a fait la moitié du quart des exercices à peu près correctement (oui j'exagère, mais le phénomène existe), les profs qui notent sévèrement sont exclus de la correction des copies... Je ne pense pas que ce soit un hasard si dans les établissement d'un niveau correct le bac blanc est NETTEMENT plus difficile à avoir que le bac lui-même.
Et pour ce qui est de mon expérience personnelle, quand j'ai reçu mes notes de BAC, après avoir été soulagée et contente je suis passée au détail, et quand j'ai vu le 16 en Allemand... (Pour info, je me traînais entre 6 et 9 pendant l'année, et même si j'ai inversé LV1 et LV2 au BAC, je ne crois pas à un écart aussi spectaculaire.) Je me suis sentie surnotée dans cette matière là - et c'est vraiment détestable, parce qu'après on commence à se demander si une seule des bonnes notes qu'on a obtenues valait réellement quelque chose.
L'idée de l'élève au centre du système... A priori, c'est une bonne chose de prendre en compte les "besoins" de la personne qui se lance dans un apprentissage, sauf qu'on a pris la formule au pied de la lettre et un tout petit peu oublié qu'en France, l'école est OBLIGATOIRE. Les élèves ne sont pas là parce qu'ils en ont envie, et soyons honnête, si on leur donnait RÉELLEMENT le choix, ils ne viendraient pas. Alors aller chercher leur approbation pour pouvoir leur enseigner, c'est pas un bon plan. (Après, j'admets que j'ai une sainte horreur des profs qui cherchent à établir un rapport "égalitaire" avec leurs élèves. C'est peut-être possible avec des élèves majeurs, et encore, mais dans un lycée et à fortiori dans un collège, c'est de la connerie, et de la connerie NOCIVE. D'une parce que le prof et les élèves ne sont pas égaux dans la salle de classe ; le prof est là pour enseigner et les élèves viennent pour apprendre, le prof en sait par définition plus que ses élèves, et rejeter le respect du prof c'est rejeter le respect de ce savoir. D'autre part parce que les collégiens, ou même les lycéens, n'ont vraiment pas besoin d'être encouragés à ne pas respecter leurs profs, voire ont besoin qu'on maintienne certaines relations hiérarchiques claires et inattaquables.)
Le problème du dialogue sur les IUFM, c'est que la plupart des gens, j'ai l'impression, partent du principe que c'est soit les IUFM tels qu'ils sont, soit pas d'IUFM. Or, le problème, ce n'est pas qu'il existe des lieux de formation pour les profs, bien au contraire. C'est que le contenu de la formation qu'on y reçoit est parfois (souvent?) douteux.
(no subject)
From:(no subject)
From:(no subject)
From:(no subject)
From:(no subject)
From:(no subject)
From:(no subject)
From:(no subject)
From:(no subject)
From:(no subject)
From:(no subject)
From:(no subject)
From:(no subject)
From:(no subject)
From:no subject
Date: 2011-01-07 07:39 pm (UTC)bon pas des gros morceaux sérieux comme ça, quand même!
Tortoise
(no subject)
From: